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ERROTA HANDIA, un ENS privé au « service d'un territoire et de ses habitants »

Approche globale d'un Espace Naturel Sensible comme support à l'éducation à l'environnement. Voir descriptif détaillé

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Approche globale d'un Espace Naturel Sensible comme support à l'éducation à l'environnement. Voir descriptif détaillé

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Découverte d’un écosystéme rare au Pays Basque : La réserve naturelle régionale de l’étang d’Errota Handia

L’étang d’Errota Handia

Blotti en fond de vallon, l’étang d’Errota Handia, à Arcangues est la seule réserve naturelle régionale des Pyrénées-Atlantiques. Cet écosystème rare au Pays-Basque -région très anthropisée-, se situe dans un important couloir de migration ouest-pyrénéen et constitue un lieu d’accueil privilégié pour les oiseaux migrateurs, hivernants et nicheurs.

Description du site

Le site est constitué de 10 hectares dont 9 de milieux aquatiques et 1 de prairie.
Il posséde un ancien moulin, une maison et un étang.

Le moulin, du XVIIe siècle dont il ne reste que quelques ruines, constitue un important patrimoine historique.

Les ruines du moulin

Le nom basque « Errota Handia » signifie « grand moulin ». Il a été en activité jusqu’au milieu des années 1930 et il était alimenté à l’origine par une retenue d’eau artificielle de sept hectares. La digue mesure 150 mètres de longueur avec une hauteur de 2 à 5 mètres.

La maison

La maison face à l’étang abrite au deuxième étage un observatoire, aménagé pour les travaux ornithologiques du propriétaire.

Les saisons les plus favorables pour visiter le site sont le printemps pour la végétation et l’hiver pour les oiseaux.

La propriété ne possède aucun accés libre au public.

Depuis 1999, une gestion conservatoire est mise en place par le CREN Aquitaine, en collaboration avec le propriétaire, M. Jean-François Terrasse.

M. Terrasse

Cet ornithologue réputé à la retraite, personnage passionné et passionnant, vous fait partager avec une extrème gentillesse, son intérêt pour ce site qu’il réhabilite depuis 40 ans et au sujet duquel il est intarissable. Et surtout ses connaissances encyclopédiques qu’il aime à transmettre à ses visiteurs avec un enthousiasme toujours intact et communicatif, atout capital pour une animation réussie.

Après un suivi ornithologique régulier, montrant l’intérêt avifaunistique du lieu, le propriétaire classe le site en réserve de chasse et y entreprend la gestion de l’espace dans le but d’améliorer son potentiel d’accueil, en particulier pour les oiseaux d’eau.
Son classement récent en Réserve Naturelle Régionale vient renforcer la préservation et la tranquilité du site.

Le CREN Aquitaine a dénombré à ce jour pas moins de 19 habitats différents avec comme milieux dominants des eaux douces stagnantes (étangs et mares), des prairies humides, une jonchaie, des boisements (chênaies et aulnaies), des saussaies marécageuses.

Prairie humide eutrophe

Ces habitats abritent 250 espèces végétales et 320 espèces animales.
Plus de 140 espèces d’oiseaux ont pu être observées, dont 27 figurent en annexe 1 de la directive européenne (Grèbe castagneux, Aigle botté, Busard des roseaux, Balbuzard pêcheur ...) dont des espèces protégées comme le Martin-pêcheur et le héron cendré.

Aigle botté

Le suivi ornithologique, permet de témoigner du grand intérêt de la réserve comme havre de paix pour les oiseaux en toute saison, mais aussi de certaines tendances. Ainsi la nidification d’espèces en extention (ardéidés notamment) et la raréfaction de nombreux passereaux (granivores surtout), observés sur la réserve, lui confère un rôle d’observatoire de premier plan pour l’évolution locale des paysages et des milieux naturels.

La présence d’autres espèces menacées et protégées, telles que le Vison d’Europe ou la Coronnelle lisse contribue à faire de ce site un grand intérêt patrimonial.
Compte tenu de l’absence de traitements chimiques sur le secteur depuis 40 ans, la faune d’insectes est remarquable notamment en terme de papillons rhopalocères (60 espèces) et hétérocères (82 espèces), d’odonates (38 espèces recencées à ce jour dont l’Agrion de Mercure) et de Lépidoptères diurnes (50 espèces).

L’Agrion de Mercure

Par ailleurs, la réserve subit le développement d’espèces animales et végétales invasives.
Le ragondin est régulé depuis plusieurs années par piègeage séléctif.
Depuis 2005, la grande jussie , espèce aquatique invasive, originaire d’Amérique du Sud, est présente sur le site. Cette espèce au développement très rapide cause de nombreux problèmes de conservation des milieux humides, en appauvrissant la faune et le flore aquatiques et en modifiant les équilibres biochimiques des plans d’eau. Ses zones de présence sont identifiées les tiges et herbiers sont extraits à la main puis détruits.

Coeur de Nature d’un réseau écologique à préserver

La richesse du patrimoine naturel et culturel et la halte migratoire majeure qu’il représente, justifient largement les efforts réalisés pour la préservation et la sensibilisation à la protection de cet écosystème rare au Pays-Basque.

En effet ce site se situe au coeur d’un réseau écologique à préserver. Sa faune et sa flore sont en étroite relation avec les milieux environnants, à différents niveaux :

-Le réseau hydrographique qui alimente la réserve en eau,

-Le massif forestier du bassin, qui accueille de nombreuses espèces caractéristiques (coléoptères, chauve-souris, oiseaux nicheurs, batraciens),

-Les prairies voisines, zones-relais essentielles pour les espèces liées aux milieux ouverts (oiseaux, papillons, sauterelles, criquets...)

-Les sites voisins utilisés par les oiseaux, lors des passages migratoires ou en hivernage surtout (étang de Xurumilax et autres étangs du Labourd, Barthes de la Nive...)

Cigognes blanches en nidification
M.Terrasse a pu observer jusqu’à 250 cigognes sur son étang en période migratoire

La qualité de ces milieux est déterminante pour la conservation de nombreuses espèces.
Il est donc essentiel que la gestion du territoire tienne compte de ce réseau local dont Errota Handia constitue le maillon central.

Par ailleurs, l’amélioration de la qualité de l’eau est capitale pour la préservation du patrimoine naturel du site, vulnérable vis-à-vis des sources de pollutions chimiques et organiques venues de l’amont. Aussi, tous les acteurs concernés commencent à s’associer pour limiter ces rejets polluants. La commune d’Arcangues est un partenaire de premier plan dans l’aménagement du territoire communale et les agriculteurs du bassin versant sont invités à la réflexion. En effet, le retournement des prairies alentours en surfaces de cultures, principalement pour le maïs, cause de nombreux problèmes amplifiés lors des crues plus régulières depuis quelques années.

-Erosion rapide des sols vers les ruisseaux, qui déleste les cultures d’une couche précieuse de terre arable et provoque un comblement de l’étang d’Errota Handia

-Dégradation de la qualité physique chimique de l’eau.
Des contrats agri-environnementaux sont à l’étude avec le soutien de nombreux partenaires comme le Région, l’Agence de l’Eau, DDTM...
Enfin, en tant que milieu humide, ce site remplit plusieurs rôles :

-Maintien d’une grande biodiversité,

-Zone tampon en cas d’inondation,

-Zone de recharge de la nappe phréatique,

-Station d’épuration naturelle.

« Un passé culturel...un avenir naturel »

Par sa richesse patrimoniale, cet ENS offre nombre de pistes pédagogiques dans plusieurs domaines avec pour objectifs la prise de conscience de la fragilité de tels sites et l’importance de la sensibilisation à leur protection :

Le paysage

Le site dans le temps - l’homme et le site.

Patrimoine naturel et culturel du territoire.

Influence de l’homme sur le paysage : le rôle des anciens usages, l’utilisation de la force de l’eau, le pâturage et le fauchage.

Evolution du paysage au cours du temps et des activités.

Présence d’un ancien moulin.

Infrastructures hydrauliques : digue, canal de dérivation, nasse de régulation, moine.

Le déversoir du moulin en période de crue

Les milieux humides

Leurs caractéristiques et leur importance aux niveaux local et global.

Cycle de l’eau et fonctionnement d’un bassin. Comprendre la relation entre les ruisseaux et la nappe phréatique d’un même bassin.

Connaître la différence entre les différents éléments « Eau » présents sur le site :
un étang de retenue, un ruisseau, des mares, des marécages et des sources.

Les activités économiques liées à l’eau : les moulins, la pêche et la chasse.

La géologie

L’érosion et le transport de matériaux dans les cours d’eau.

Les terrains sédimentaires : le flysch (du Crétacé) et des alluvions récentes.

Les substrats géologiques des milieux humides : argiles et limons.

Les milieux naturels : Site très intéressant parce qu’il s’agit d’un écosystème rare au Pays Basque.

Identification des milieux liés à l’eau.

La flore et la faune associées à chaque milieu.

L’importance et le rôle de chaque milieu dans cet espace naturel sensible.

La flore : 250 espèces de végétaux supérieures.

Adaptation des espèces végétales aux différentes conditions des milieux.

Végétation de l’étang et des alentours : roseau commun, massette, potamot nageant, jonc spiralé.

Végétation des saussaies : carex pendant.

Végétation des prairies : renoncules, valériane.

Végétation des boisements : chêne pédonculé, aulne glutineux, fragon épineux.

Iris des marais et sa sauterelle

La faune : 320 espèces animales.

Espèces autochtones et espèces exotiques, espèces à fort intérêt patrimonial et espèces animales adaptées aux différentes conditions des milieux.

Invertébrés : grande diversité de papillons diurnes et nocturnes

Reptiles : orvet...

Amphibiens : crapaud commun, triton...

Poissons : anguille, gambusie, goujon...

Oiseaux : des espèces nicheuses, en hivernage, en migration

Mammifères : Genette, Vison d’Europe...

Gestion et activités humaines

Plan de gestion en application : conservation de la diversité d’habitats naturels et restauration des habitats remarquables.

Utilisation des anciens usages (pâturage, fauchage, anciens étangs et retenues) dans un plan de gestion.

Problématique de la pollution de l’eau et importance de la protection global d’un bassin.

Importance de la protection des milieux humides aux niveaux local et global pour les migrations d’oiseaux.

Importance de la gestion des prairies : fauchées ou pâturées.

Problématique des espèces invasives comme le ragondin ou le baccharis, présents sur le site.

Protection des milieux pour favoriser la présence des espèces végétales et animales associées.

Des suivis mis en place : suivi des différentes espèces animales et végétales et suivi hydrologique.

Utilisation des indices biologiques pour déterminer la qualité des eaux.

On protège mieux ce que l’on connait !

La découverte de l’ENS privé d’Errota Handia par l’exploitation de ces pistes pédagogiques, pourrait constituer un outil de valorisation et de protection de l’environnement basque. On développerait des actions en direction de tous les publics au travers de l’éducation au patrimoine et à l’environnement. On accompagnerait projets et démarches environnementales et durables participant à l’émergence et à l’enrichissement du débat public autour de la prise en compte des principes de durabilité dans le développement de ce territoire.

Bibliographie

http://www.cg64.fr

http://cren-aquitaine.fr

http://cpie-littoral-basque.eu

Tanguy Le Moal. Cren Aquitaine. (été 2010). La lettre d’Errota Handia n° 2. Impression perspective Morlàas.

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